Une histoire vraie tissée de mensonges - Jennifer Clement

Publié le par Corélie

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Couverture :

 

"Le jour suivant, la même chose arriva tandis que Leonora coupait des tomates vertes et hachait de la coriandre fraîche dans la cuisine. Cette fois, M. O'Conner resta debout dans l'embrasure de la porte à la regarder fixement. Leonora l'entendait respirer. Elle entendait le couteau trancher les tomates. Elle entendait son propre coeur.

Elle entendait, tout doucement dans sa tête, les psaumes qu'elle avait appris au couvent.

Comme un arbre planté près d'un courant d'eau. [...]

Le sixième jour après le départ de sofia et de Josepha, Lenora lavait la vaisselle de petit déjeuner à la cuisine lorsque M. O'Conner s'approcha et se posta derrière elle. Elle le sentit marcher sur son ombre comme s'il eût marché sur la traîne d'une robe".

 

Leonora est une toute jeune femme, placée comme servante dans une famille aisée, les O'Conner, à Mexico. De sa mère puis des soeurs qui l'ont dressée, Leonora a appris à ne jamais dire "non". Ainsi, quand un jour M. O'Conner pose la main sur elle, Leonora se tait.

 

Une histoire vraie tissée de mensonges, menée de main de maître jusqu'à son dénouement inattendu, est un drame qui défie le silence, animé d'un souffle poétique saisissant.

 

Jennifer Clement, née à New Yord, vit et travaille àMexico. Elle est l'auteure de plusieurs recueils de poèmes, de deux romans, et d'une biographie littéraire de Suzanne Mallouk, compagne du peintre Jean-Michel Basquiat. Ses livres ont été traduits dans une dizaine de langues.

 

Mon avis : 6/10

 

J'ai eu un peu de mal à accrocher à ce livre, mais il faut reconnaitre que l'auteure a trouvé une façon de raconter l'histoire de Léonora plutôt originale. Deux récits s'alternent, l'un qui raconte d'un point de vue extérieur la vie de Léonora, entrecoupé des pensées de Leonora en italique, l'autre raconté à la première personne par la petite fille de la maison, qui ignore qu'elle est en réalité l'enfant mis au monde par Leonora. Les personnages sont un peu étranges, Josepha, l'une des domestiques, qui ne dit qu'un mot en guise de phrase, la petite fille surnommée Mouche parce que son bras part dans des mouvements non contrôlés comme le vol d'une mouche et qui passe beaucoup trop de temps avec les domestiques pour une petite fille de la bourgeoisie...

 

Malgré tout, sans avoir beaucoup aimé la façon de raconter l'histoire, je me suis attachée à Leonora, j'ai souffert avec elle lorsque M. O'Conner lui a demandé de quitter la maison en laissant son bébé, qu'il a fait passer pour l'enfant de sa femme. La détresse de cette jeune femme, à qui on n'a jamais appris à dire non, qui se dresse quand même contre la volonté de ses maitres pour l'amour de son enfant dont on l'a dépossédée, est palpable malgré des mots dépouillés.

 

Le roman est court mais efficace,  il n'en fallait pas plus pour que l'on comprenne le lien étrange qui unit Leonora, qui a réussi à s'opposer à ses maitres pour rester avec son enfant, et Mme O'Conner, prête à tout pour la mettre dehors, il n'en fallait pas plus pour mettre en place une ambiance lourde annonçant peu à peu le drame de la fin. Je n'en dirai pas plus...

Publié dans Roman étranger

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